Sabin Joseph BRULOY (1752-1831)
Sabin Joseph Bruloy naît à Lille le 23 mai 1752.
Après de bonnes études littéraires et pharmaceutiques, il entre dans le Service de santé des armées comme apothicaire élève appointé à l'hôpital d'intruction de Lille. Dans cet emploi qui lui laisse quelques libertés, il s'instruit et devient lauréat de l'Ecole de botanique en 1774.
Il est nommé pharmacien major de l'hôpital d'instruction de Lille le 1er janvier 1788 à 35 ans où il est chargé de l'enseignement pratique de la pharmacie comme démonstrateur.
Un litige l'opposant avec le professeur dont il était
l'adjoint sur la doctrine de Lavoisier, le fait remarquer par Bayen alors chef de la pharmacie militaire et celui-ci le nomme comme pharmacien
chef de l'hôpital le 12 février 1792. Cette promotion est le début d'une
ascension rapide et il va bientôt diriger et organiser les services
pharmaceutiques de différentes armées notamment l'Armée du Nord et celle
des Ardennes.
Le 31 décembre 1792, il rentre à Lille où il est chargé d'enseignement puis il est successivement pharmacien en chef à l'Armée de Moselle le 27 frimaire an 3, puis à l'hôpital du Val-de-Grâce le 7 brumaire an 4, à l'Armée du Rhin le 24 ventôse an 6 puis il est professeur à l'hôpital de Lille le 3 floréal an 4.
Le 27 pluviôse an 6, il est nommé Inspecteur Général
du service de santé en remplaçant de Bayen.
A son retour d'Italie, le poste de pharmacien inspecteur est supprimé et
Brunoy est attaché au Val-de-Grâce comme pharmacien chef le 14 vendémiare
an 9. Il est ensuite nommé le 4 pluviose an 10 pharmacien de première
classe au Val-de-Grâce.
Le 11 vendémiaire an 12, il est nommé pharmacien principal au Camp de Saint Omer puis au camp de Boulogne le 1 février 1804 où il reçoit la "petite aigle" le 14 juin 1804 "des mains de Napoléon qui lui adresse quelques paroles dont l'objet est de lui exprimer combien il l'avait mérité" selon Lodibert il est donc fait chevalier de la Légion d'honneur.
Le 2 septembre 1805, Bruloy est nommé pharmacien en chef de la grande armée en remplacement de Parmentier juste avant le passage du Rhin avec le traitement d'inspecteur général ce titre est discuté et il devra rembourser une partie de sa solde comme tel. Le service de santé est organisé avec à sa tête Coste avec titre de premier médecin, Percy premier chirurgien et Bruloy premier pharmacien.
Du 2 septembre 1805 au 22 janvier 1812 comme pharmacien en chef, Bruloy est très estimé des autres pharmaciens militaires et même des intendants pour "l'ordre et l'exactitude" dont il fait preuve dans le service. il subit cependant des dénonciations peu documentées.
En 1812, il fait la campagne de Russie comme pharmacien principal du 1er corps commandé par le prince D'Eckmulh qui avait pour cet officier de santé supérieur une grande estime et une affection dont il se plaisait à lui donner témoignage. Sur la route de la retraite, Bruloy voit mourir le plus jeune de ses fils et son neveu. Le coeur brisé il arrive à Wilna avec son fils aîné, pharmacien major. Il soigna et sauva par ses soins son fils atteint du typhus qui ravageait la ville et qui fit de nombreux morts parmi les soldats de la Grande armée et notamment des pharmaciens militaires.
Jacob décrit cet épisode particulièrement pathétique. "Laubert et Bruloy arrivent le 9 décembre 1812 à Wilna. Le 10, à l'arrivée des Russes la ville est évacuée et Bruloy reste près de son fils malade "son intention disait il était de la faire porter à la pointe du jour et avant l'arrivée des Russes à l'hôpital. Son fils Auguste engageait son père à suivre les mouvements de l'armée et de ne pas reste volontairement prisonnier. Cette scène faiblement éclairée par la lumière vacillante d'une chandelle qui s'éteignait près du cadavre de Chaumont était déchirante".
Napoléon sachant le sort de Bruloy, prisonnier à Wilna, le nomme cependant pharmacien en chef de sa Garde par décret du 11 février 1813 en remplacement de Sureau mort de froid sur la route de Kovno.
A la paix de 1814, Bruloy est libéré et reprend ses fonctions à l'hôpital militaire de la Maison du Roi, substitué à celui de la Garde Impériale. Puis pendant les événements de 1815, retenu à Paris, il ne peut participer à la bataille Waterloo.
En 1816, il subit les conséquences du licenciement général et il est admis à la retraite à 64 ans le 1er février 1816 avec le maximum de pension
Il décède le 23 janvier 1831 à 79 ans.
Références
Sylvie OULIEU "contribution à l'histoire de la pharmacie : les pharmaciens de la grande armée" Thèse de pharmacie université Claude Bernard Lyon I, 5 décembre 1986