Charles-Jean LAUBERT (1762-1834)
Charles-Jean LAUBERT est né le 8 septembre 1762 à Téano, petite ville du royaume de Naples, d'une famille d'origine française protestante et établie dans les Pays-Bas. Son père se trouve alors dans cette ville avec sa famille où il sert comme colonel dans l'un des régiments wallons qui ont suivi le roi d'Espagne, Charles III, lorsque ce monarque fait la conquête des Deux-Siciles.
Ses études à Rome terminées, Laubert s'applique à l'étude des sciences naturelles et professe à Naples dès 22 ans les sciences physiques et mathématiques.
En 1788, il essaye d'extraire l'indigo de l'Isatis tinctoia par macération des feuilles de cette plante et l'année suivante essaye d'établir une fabrique d'acide sulfurique.
Il est ensuite obligé de s'expatrier car il est soupçonné par le ministre Acton, amant de la reine Marie-Caroline d'Autriche, soeur de Marie-Antoinette, reine de Naples et des Deux Siciles, de conspiration contre la sureté de l'Etat du fait de ses idées libérales et de sa religion non catholique.
Il se réfugie à Nice en 1793 où se trouvait le quartier général de l'armée d'Italie : il obtient du Gouvernement d'être rattaché à cette armée en qualité de pharmacien de première classe requis, sans passer par les grades inférieurs. Un décret du 28 juillet 1793 autorisant le ministre de la guerre à nominer directement dans les différents grades. Il a 31 ans.
Reconnu par Nicolas Heurteloup chirurgien, Inspecteur général du service de santé, il est nommé pharmacien de première classe titulaire à l'armée d'Italie.
Pharmacien en chef des hôpitaux militaires d'Antibes, il fait la connaissance du baron Desgenettes médecin en chef de cette armée et connaît à Antibes sa future épouse qui lui donnera trois filles.
Ferdinand IV reprend les hostilités contre la France par l'invasion des état romains, Laubert est appelé de la Haute-Italie où il se trouvait, auprès du général Barthelemy Joubert et marche sur Naples.
Le général Championnet entre dans Naples le 23 janvier 1799 et proclame la république Parthénopééenne avec un gouvernement provisoire de 25 membres dont Laubert est le président sur les instances de Joubert et de Championnet car il associe à ses qualités scientifiques un sens politique qu'il avait développé durant sa jeunesse italienne.
Après la bataille perdue de Novi, Laubert repart à Gène puis à Nice et à Antibes où il assiste aux derniers instants de Championnet succombant au typhus (8 janvier1800) alors qu'il avait déjà perdu son ami Joubert à la bataille de Novi.
Il suivra désormais cette carrière avec les armées sans interruption en Italie, Hollande, Allemagne, Espagne et en Russie.
En 1808, il devient pharmacien en chef des armées.
PI Jacob le décrit ainsi dans son journal à Madrid le 7 avril 1809 :
"M Laubert était de grande taille, déjà vouté quoiqu'il eu 45 à 48 ans. Sa voix était forte, son visage séreux, son oeil fin et doux.. Il écrivait en fumant quand nous entrâmes ; il quitta la pipe aussitôt qu'il nous aperçut et nous fit plusieurs questions sur notre voyage. Sa vue fit sur moi une très vive impression quoique je ne doutasse guère alors du degré d'attachement que je lui porterait un jour et de l'influence qu'il aurait sur mon avenir.
Je savais qu'il était Napolitain, homme de savoir et de haute intelligence ; qu'il avait joué un rôle marquant dans les évènements de son pays en 1799 ; qu'il avait nommé par Championnet, à l'entrée des Français à Naples. Président de la junte du gouvernement provisoire institué par ce général au moment de sa conquête. Je savais aussi, et eu mille occasions de m'en convaincre depuis, qu'il jouissait de l'estime et de l'amitié des généraux qui avaient fait partie de l'armée d'Italie à cette époque. Monsieur Laubert était un homme de Plutarque jeté dans les temps modernes ; c'était à la fois un savant et un sage..."
Laubert rentre en France et le 6 avril 1811 et il s'y fait recevoir Maître en pharmacie, il a 48 ans.
Il reste en France comme pharmacien chef de l'armée d'Espagne. Détaché de cette armée, il est chargé en 1811 de réaliser une inspection générale de tous les hôpitaux militaires de France et des dépôts de médicaments. Il est même proposé comme Inspecteur Général Adjoint de Parmentier.
Le 23 janvier 1812, l'Empereur écrit à son ministre le Comte de Cessac "j'accepte les Sieurs Desgenettes, Heurteloup et Laubert pour officiers de santé en chef".
Le 27 avril 1812, Laubert reçoit la croix de l'Ordre de la Réunion comme pharmacien en chef de la Grande Armée.
Références