Jérôme DIZE (1764-1852)

Michel-Jean-Jérôme Dizé est né le 29 septembre 1764 place de l'église à Aire-sur-L'Adour dans les Landes d'un père pharmacien Michel Dizé et de Marie Despaigniet. Il est l'ainé d'un frère (François) et d'une soeur (Marie). Son père l'adresse à l'âge de treize ans à un compatriote lui aussi né à Aire-sur-L'Adour et ami, Jean Darcet (1724-1801) professeur au collège de France. Ce dernier ouvre les portes de son laboratoire au jeune Jérôme Dizé.

Son zèle et ses capacités intellectuelles sont vite appréciés car à vingt ans, Darcet lui confie la préparation de son cours de chimie et ce de 1784 à 1791.

Rapidement Dizé publie des articles sur les alliages de cuivre, les colorants et les cristallisations, thèmes de recherche du laboratoire de Darcet.

En 1789 le Duc d'Orléans charge Jean Darcet de vérifier la valeur réelle d'un procédé nouveau pour préparer de la soude commerciale mis au point par un médecin Leblanc : c'est Dizé que Jean Darcet charge de cette mission. Dizé chimiste avisé et médiculeux améliore la technique de fabrication de Leblanc qui avait quelques défauts. Le procédé connait un succés industriel reconnu mais Leblanc prit le brevet sous son seul nom ce qui conduit à leur mésentente. Dizé faisant fi de cette vilenie fait lui-même les plans d'une usine de fabrication industrioelle de la soude à Saint-Denis avec l'aide financière du Duc d'Orléans.

Devant l'arrestation de son bienfaiteur et la mise sous séquestre de l'usine sans oublier l'élan patriotique de la période, tout cela le pousse à s'engager dans l'Armée. Ainsi il se fait admettre en 1792 à l'âge de 28 ans comme élève en pharmacie à l'hôpital ambulant du Camp-sous-Paris. Ce camp défensif est formé en septembre 1792 par les parisiens depuis Clichy jusqu'à Montmartre à la suite de la prise de Verdun par les Prusssiens.

Ses connaissances en chimie et en sciences lui permettent de gravir rapidement les échelons et lui ouvre les portes des sociétés savantes.

Quelques mois après avoir été reçu pharmacien, le 24 août 1793 il devient l'apothiciare-major au Magasin général des pharmacies situé à l'Ecole militaire à Paris au Champ de Mars. Il est reçu par Malatret, son égal, qui lui verse son traitement des deux premiers mois. Il est souvent considéré comme le premier pharmacien en chef de cet établissement créé en 1792 par la Convention "pour assurer aux armées des médicaments de premier choix" sous l'impulsion de Bayen et de Parmentier pour ravitailler les hôpitaux des armées et les troupes en campagne. Dans cette époque troublée, comme à l'habitude, les personnes de valeur même jeunes bénéficient d'un avancement rapide.

En septembre 1795 il est pharmacien major à l'armée du Nord. Il est nommé les 4 novembre 1795 comme pharmacien major de 1ère classe chargé en chef du service de l'établissement qui a pris le nom de "magasin général des médicaments et du laboratoire des pharmacies".

En 1796, le conseil de santé est saisi par les pharmaciens Dizé et Malatret d'une demande de reclassement du Magain général. Dans ses conclusions il reconnaissait les capacités d'organisateur de Dizé "chargé de toutes les compositions en grand" et le proposait pour le grade de pharmacien en chef ce qui sera validé peu après, le 18 août 1796, tandis que Malatret "dont les fonctions sont principalement relatives à la comptabilité du magasin" était proposé comme "adjoint". Ce dernier semble avoir bien accepté cette nouvelle hierarchie dans l'établissement comme en témoigne les liens qui l'unissaient à Dizé et leurs activités communes

Dans le Journal des Pharmaciens de Paris il était écrit en 1797 ;"le citoyen Dizé, placé à la tête d'un des plus magnifiques établissements de pharmacie qui ait existé à Paris, destiné à fournir les médicaments chimiques aux hôpitaux de la République, a porté dans cet établissement les lumières d'un habile chimiste, en même temps que les soins, attention, ordre sévère d'un administrateur zélé".

Il présente à différentes sociétés les résultats de ses recherches pour le bien du service : rectification de l'ether sulfurique, cristallisation et propriétes de l'acide citrique.

Le décès de son maître Darcet en 1801 l'affecte très cruellement. Trés attaché à la liberté, plein de souvenir admiratif pour le duc d'Orléans, il esr quelques peu effrayé de l'ambition grandissance de Bonaparte, il avait voté contre le Consulat à vie et décliné l'offre de faire partie de l'expédition d'Egypte. Il faut probablement voir là des motifs de son licenciement prématuré que le Conseil de santé fut unanime à déplorer : il est licencié des cadres de l'armée par l'ordre ministériel de cessation d'activité au Magasin central des médicaments en date du 5 février 1802. C'est Malatret qui prend alors la direction de ce magasin ainsi que du laboratoire de la pharmacie de l'Ecole Militaire jusqu'en 1805. En 1805 il rejoint l'Armée d'Italie en tant que pharmacien chef. A ce titre il reçoit la croix de la Réunion en avril 1812.

Agé de 38 ans Dizé a deux fils Jean (1797-1820) et Emile nés d'un mariage le 17 décembre 1796 avec Adélaîde Charlotte Antonia Bertel (née le 5 février 1777)

Mais n'ayant pu obtenir un jugement favorable pour le recouvrement de sa fabrique à Saint Denis, il se dirige vers la fabrication de produits chimiques dans la région parisienne.

Il se remarie en 1813 avec Rose Agathe Daumont et une fille naitra, Rose-Agathe qui mariée à Jean-Nicolas Pillas donnera naissance à Albert Pillas auteur d'un bibliographie sur son grand-père (voir références).

En 1823 il est admis à la Société royale de médecine et Dizé s'installe en Belgique. A 62 ans il a une fille Antoinette-Rose née en 1826 d'un troisième mariage avec Louise Clothilde Françoise Mondet. Il installe à l'Hôtel des Monnaies de Bruxelles des appareils d'affinage qu'il fait venir de France.

En mai 1835, la Légion d'Honneur lui est décernée par le roi Louis-Philippe, fils de son ancien bienfait le duc d'Orléans.

Malgré son grand âge, son activité ne se dementait pas et on disait de lui " sa vieillesse fut des plus heureuses ; il avait conservé un esprit plein de gaieté, une main aussi sûre, une vue aussi nette, une ouïe aussi fine qu'en aucun temps".

Il est décédé à l'âge de 87 ans le 21 août 1852 à Paris 18 rue Saint Gilles ancien 7ème arrondisement (75003) et inhumé le 24 août 1852.

 

Références

Gérébart F. le premier pharmacien-chef de la Pharmacie centrale de l'armée, Jérome Dizé. Revue histoire de la pharmacie. 1949, 37 ème année, n°123, 422-7.

Rouquette. Jérôme Dizé, pharmacien en chef du premier Magasin général des pharmacies. Revue histoire de la pharmacie. 1965, 56 ème année, N°186, 411-8.

Bouvet. M; Guiillemain, premier directeur du Magasin principal des Médicaments de l'armée. Revue d'histoire de la pharmacie. 1951, 39 ème année, n°131, 272-3.

Pillas A, Balland A. Le chimiste Dizé, sa vie, ses travaux, 1764-1852. 1906. J.-B. Baillière et fils à Paris. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k90042r/f147.texteImage

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