A la suite de la bataille de Valmy (20 septembre 1792) et à la demande de Bayen et de Parmentier, il est créé par décret de la Convention Nationale relatif au Service de Santé des Armées et des Hôpitaux Militaires le 3 Ventôse an II de la République (21 février 1794) "un magasin de médicaments simples et un laboratoire où l'on préparera les médicaments composés" situé à Paris au Champs-de-Mars, dans les dépendances de l'Ecole Militaire.
Un peu plus tard le 30 germinal an II (19 avril 1794) le Journal militaire dans son article premier déclare "il sera établi près de l'administration des hôpitaux et des armées de la République un Magasin de médicaments simple et un Laboratoire où l'on préparera les médicaments composés. Cet établissement sera sous la surveillance immédiate du Conseil de Santé et portera le nom de Magasin général des médicaments".
Il s'agit de centraliser le stockage et la fabrication des médicaments en grande quantité pour approvisionner les hôpitaux militaires et les ambulances des troupes en campagne.
Comme prévu le règlement des hôpitaux militaires, les médicaments sont expédiés dans des caisses de bois et en barriques d'où la présence d'un menuisier-tonneleir pour les grands volumes de liquide.
C'est Charles-François Guillemain qui est nommé par le Conseil de santé où siège Pelletier, Parmentier, Bayen, Heurteloup, etc. comme le premier pharmacien de ce magasin général comme aide-major principal le 24 août 1793, Il est chargé de la comptabilité des services il est alors aide-major de l'Armée de Réserve affecté à l'hôpital militaire de Laon avec un traitement de 300 livres par mois. Charles-François Guillemain né à Vezoul le 5 mars 1764 reste en fonction jusqu'au 23 septembre et il est remplacé par Jérôme Dizé comme aide-major principal qui était alors sous-aide à Saint-Denis, avec un traitement de 250 livres. Ce n'est donc pas Dizé qui est le premier pharmacien militaire à diriger le magasin des médicaments mais bien Guillemain.
Guillemain passe à l'Armée de l'Ouest dont il devient le pharmacien-chef le 13 janvier 1796. Dans cette époque troublée, comme à l'habitude, les personnes de valeur bénéficient d'un avancement rapide même jeunes
Dans le document signé par le Conseil de santé, Antoine Lasserre né à Saint-Esprit le 13 août 1764 est nommé le 29 août 1793 comme sous-aide avec pour mission de "surveiller le dépôt principal".
Pierre-Joseph Mallatret neveu de Bayen est nommé sous-aide dans dans ce magasin le 2 juillet 1793 mais ses états de service partent du 24 août seulement. Il est confirmé dans cette affectation le 29 août par Gautier adjoint au Ministère de la Guerre, il reste sous-aide jusqu'au 23 janvier 1794 puis comme aide-major de cette date jusqu'au 11 octobre 1795.
Les retards dans les prises de fonctions par rapport aux affectations des différents pharmaciens car les locaux n'étaient pas aménagés pour recevoir les installations prévues. ainsi l'adjoint au Ministère de la Guerre précise le 20 août 1793 que la Pharmacie centrale sera installée dans la partie de L'Ecole Militaire appelée le réfectoire et que des travaux nécessaires seront entrepris pour mettre les locaux en état.
Jérome Dizé (1764-1852) est un chimiste de renom, élève de Darcet dont il fut le préparateur au Collège de France. Il est l'inventeur avec Leblanc de la soude artificielle produite dans des ateliers à Saint-Denis même si c'est le nom de Leblanc qui a eu la postérité pour cette invention qui s'est arrogée.
En septembre 1795 Dizé est pharmacien major à l'armée du Nord. Il est nommé les 4 novembre 1795 comme pharmacien major de 1ère classe chargé en chef du service de l'établissement qui a pris le nom de "magasin général des médicaments et du laboratoire des pharmacies".
En 1795, Malatret rejoint l'Armée du Nord comme Dizé puis il revient à Paris où il est nommé pharmacien chef adjoint au Magasin général de 1796 à 1802.
En 1796, le conseil de santé avait été saisi par les pharmaciens Dizé et Malatret d'une demande de reclassement du Magasin général. Dans ses conclusions il reconnaissait les capacités d'organisateur de Dizé "chargé de toutes les compositions en grand" et le proposait pour le grade de pharmacien en chef ce qui sera validé peu après le 18 août 1796, tandis que Malatret "dont les fonctions sont principalement relatives à la comptabilité du magasin" était proposé comme "adjoint". Ce dernier semble avoir accepté cette nouvelle hiérarchie dans l'établissement comme en témoigne les liens qui l'unissait à Dizé et leur activité commune.
Dans le Journal des Pharmaciens de Paris il était écrit en 1797 ;"le citoyen Dizé, placé à la tête d'un des plus magnifiques établissements de pharmacie qui ait existé à Paris, destiné à fournir les médicaments chimiques aux hôpitaux de la République, a porté dans cet établissement les lumières d'un habile chimiste, en même temps que les soins, attention, ordre sévère d'un administrateur zélé".
Dizé présente à différentes sociétés les résultats de ses recherches pour le bien du service : rectification de l'ether sulfurique, cristallisation et propriétés de l'acide citrique. Le décès de son maître Darcet en 1801 l'affecte très cruellement.
Dizé est licencié des cadres de l'armée par l'ordre ministériel de cessation d'activité au Magasin central des médicaments en date du 5 février 1802. Il sera membre de l'Académie de Médecine en 1823. Il assistera en 1845 au transfert du magasin général dans l'ancien potager des Invalides.
L'arrêté de 1800 stipule "qu'il y aura à Paris un laboratoire et un magasin de médicaments dont l'approvisionnement doit être fait dans les proportions des besoins estimé sur un an. Les achats de drogues simples fait dans le commerce privé seront sous le contrôle d'experts nommés par les commissaires des guerres. Les hôpitaux d'instruction qui disposent d'un dépôt de médicaments simples et composés pour l'approvisionnement des pharmacies des hôpitaux permanents, temporaires ou ambulants de la division. Les hôpitaux d'instruction devront préparer les compositions galénique et chimiques figurant au formulaire qui ne seront pas disponibles dans le magasin central parisien.".
En 1796, le conseil de santé est saisi par les pharmaciens Dizé et Malatret d'une demande de reclassement du Magasin général. Dans ses conclusions il reconnaissait les capacités d'organisateur de Dizé "chargé de toutes les compositions en grand" et le proposait pour le grade de pharmacien en chef ce qui sera validé peu après, le 18 août 1796, tandis que Malatret "dont les fonctions sont principalement relatives à la comptabilité du magasin" était proposé comme "adjoint". Malatret semble avoir bien accepté cette nouvelle hiérarchie dans l'établissement de ravitaillement comme peuvent en témoigner les liens qui l'unissaient à Dizé et leurs activités communes.Dizé est licencié des cadres de l'armée par l'ordre ministériel de cessation d'activité au Magasin central des médicaments en date du 5 février 1802, c'est ainsi qu'en 1802, Malatret prend la direction de ce magasin ainsi que du laboratoire de la pharmacie de l'Ecole Militaire jusqu'en 1805. En 1805 il rejoint l'Armée d'Italie en tant que pharmacien chef. A ce titre Malatret reçoit la croix de la Réunion en avril 1812.
En 1803 le magasin est dirigé par deux pharmaciens assistés de onze subalternes , garçons de magasins, quatre pileurs, un portier et un menuisier-tonnelier. La présence de pileurs atteste la part importante du broyage des principes actifs bruts tels que écorces, bois, minéraux, etc. et l'absence probable de moyen mécaniques pour le broyage.En 1804, on assiste à une diminution des effectifs du magasin puis en 1807 l'équipe est renforcée avec six personnes au total dont deux pharmaciens de 1ère classe rémunérés 2500 francs et trois ouvriers rémunérés 1000 francs.
On peut s'étonner du faible nombre en personnel de ce magasin vu l'ampleur de la tache, l'approvisionnement des hôpitaux militaires et des ambulances. La lettre de son règlement à l'origine était plus généreuse " pour doter la pharmacie centrale d'un nombre suffisant de pharmaciens de différents grades habitués à effectuer en grand les opérations pharmaceutiques et les expéditions" .
Le magasin devait tenir à disposition plusieurs divisions et subdivisions de pharmacie prêtes à suivre en campagne. Des dépôts secondaires pouvaient exister à la suite de chaque armée..
Trépadoux Francis. Histoire des sciences médicales. 2014, XLVIII, n°3, 305-316.