Cadet de Gassicourt Charles Louis (1769-1821)

Charles-Louis Cadet de Gassicourt est né le 23 janvier 1769 à Paris.

Il serait très probablement un des bâtards du roi Louis XV selon le baron Thièbault et non le fils de Louis-Claude Cadet de Gassicourt. Sa mère était Marie-Thérèse Françoise Boisselet. Après des études brillantes de droit, alors que son père voulait faire de lui un pharmacien, il obtient de vifs succès dans le monde comme littérateur et avocat. Il épouse le 8 janvier 1789 à Paris, Madeleine Félicité Baudet (1775-1830). Elle lui donnera deux enfants Félix (1789-1881) et Hercule (1794-1879) avant de divorcer le 30 mars 1798.

Il se rallie à la Révolution lorsqu'elle survient et se lance dans la politique mais il réussi à éviter l'échafaud car il est condamné par contumace pour avoir participé à l'insurection royaliste du 13 vendémiaire (5 octoble 1795). Il reste caché dans le Berry trois années

Il écrit en 1798 des comédies-vaudeville " le souper de Molière" et en "la visite de Racan".

En 1799, à la mort de son père putatif, savant et propriétaire de la pharmacie Cadet-Derosne, Gassicourt est ruiné et se décide à embrasser la carrière pharmaceutique. Sa qualité de fils de maître et sa haute situation lui permettent de parvenir rapidement à la Maîtrise et le 15 juin 1800, il obtient le diplôme de Maître en pharmacie. Il s'installe rue Saint Honoré, son officine est très prospère et sa notoriété devient considérable.

En 1802, il appelle l'attention du gouvernement sur une organisation nouvelle du conseil de salubrité publique : le plan proposé est immédiatement adopté par le préfet de police et il est nommé Secrétaire Général du Conseil, fonction qu'il occupera durant 19 années entouré de collègues comme Duyeux et Parmentier. Il publie de nombreux ouvrages dont un "dictionnaire de chimie" en 1803.

Vers 1804, c'est Deyeux Premier pharmacien qui l'aurait désigné à Corvisart, premier médecin de l'Empereur, pour faire partie de la maison de l'empereur Napoléon I. Son officine fournit les différentes pharmacies impériales gérées par Deyeux. Ce dernier honnête et économe considère que les prix de Cadet sont beaucoup trop élevés ce qui conduira à leur opposition ultérieurement.

Il quitte Paris, femme et enfants et part à Meaux le 25 mars 1809 pour rejoindre la Grande Armée qui opère en Autriche puis il va à Strasbourg.

Le 13 avril 1809, l'ambulance Impériale dont Gassicourt est responsable reçoit l'ordre de quitter Strasbourg et de rejoindre le palais de Schoenbrunn à Vienne. Il voyage en voiture en compagnie de Lannefranque et Véréliaud, respectivement médecin et chirurgien de l'Empereur, il ne les quittera plus durant les événements. Le fourgon de l'ambulance les accompagne leur sert si besoin de gîte nocturne.

Installé au palais de Schoenbrunn, sa vie devient celle d'un homme de cour fort différente de celle des autres pharmaciens des armées. Attaché au grand Quartier général, il vit dans le cercle des courtisans et des généraux de la Garde qui entourent l'Empereur.

Ses réflexions sur la bataille de Wagram relèvent d'un homme plus sensible à l'aspect esthètique de l'évolution des troupe qu'au drame humain qui se joue devant lui "nous avons eu toute la journée l'inquiétude de rester près des malades qui sont au Palais : mais, à dix heures du soir, on nous a appelés.. J'admirais ce beau spectacle, assis sur un petit tertre, près des tentes de l'Empereur. Les secrétaires des cabinets de sa majesté et le directeur des estafettes étaient avec moi. Nous fûmes tirer des équipages quelques provisions et, pendant que la grande tragédie se jouait devant nous, nous prîmes du coeur pour nos gens qui se battaient".

A Schoenbrunn, il mène une vie oisive et brillante "mon fils aîné se demande comment se passe mon temps à Schoenbrunn, je lui réponds: réveillé tous le matins à six heures par les tambours, je me lève et me mets à écrire jusqu'à ce que les troupes soient assemblées en parade dans la cours du palais. Je m'habille à la hâte et, dés que l'on bat au camp, je descends et me place dans le groupe des officiers qui entourent l'Empereur. Là j'observe les masques et les visages ; après le défilé des troupes, je me rend à la salle à manger, ou plutôt au réfectoire, car nous sommes cinquante à soixante à table. Il n'y a pas de place marquée, on se met où l'on veut et en dix minutes on a déjeuné. Alors je monte en voiture, je vais à Vienne faire des visites ou des emplettes, et je reviens dîner au Palais. Le soir je me promène ou je vais au spectacle. Mes fonctions m'occupent une heure le matin et une demi-heure le soir".

C'est un joyeux épicurien très convivial qui ne refuse aucun festin, possède des relations nombreuses et variées : intellectuels autrichiens, officiers de santé supérieurs de la Garde. Il assiste à la parade aux côté de Larrey et lui parle comme à un ami.

Sa personnalité est attachante et plusieurs anecdotes nous montre que Gassicourt est plein d'humour, ainsi, lorsqu'il trouve un étendard en examinant une collection minéralogique au Palais " les officiers de la Garde, en me voyant passer chargé de cette brillante dépouille me disent : est-ce-vous monsieur le docteur qui en avez fait la conquête ? Oui messieurs, et ce n'est pas sans peine, j'ai battu la caisse et j'ai arraché l'étendard à plus de vingt.. oui à plus de vingt clous autrichiens qui le retenaient. Cela a fait rire un moment". Plus tard, l'Empereur reprend l'anecdote et déclare à son retour au comte Fourcoy, qui le félicitait " dans cette campagne tous ceux qui m'entouraient m'ont satisfait par leur zèle, jusqu'à l'apothicaire qui a enlevé un drapeau".

Il prend de nombreuses notes, c'est un publiciste fécond dans des domaines très variés des apothicaires de l'époque : techniques, botanique, zoologie, politique et droit. Il est en 1809, l'un des fondateurs de Bulletin de Pharmacie dans lequel il écrit de nombreux articles.

Napoléon I confie à Larrey, Varéliaud et Gassicourt l'insigne honneur d'embaumer la maréchal Lannes, mort à Esling, le 6 juin 1809. Le 16 août de cette même année, lors de la fête de l'Empereur, des faveurs sont attribuées "on ne parle que de promotions, de nouveaux comtes, de nouveaux barons, de nouveaux colonels. Mes collègues et moi n'avons pas été oubliés. Un brevet de chevalier de l'Empire, et un majorat pour chacun de nous, ont été le prix de notre zèle".

Il est difficile de préciser ses fonctions comme pharmacien et il reconnaît qu'elles ne l'occupent guère même s'il reste le seul pharmacien auprès de l'Empereur. Comme responsable du fourgon d'ambulance impérial, il évoque les maladies au palais de Schoenbrunn pour lesquelles il doit probablement assurer le service pharmaceutique habituel : préparation des remèdes, relevés de prescriptions du soir et distribution. Ceci expliquerait ses horaires de travail qu'il décrivait précédemment.

Il est subjugué par la personnalité de l'Empereur ce qui explique peut être qu'il est accepté cette charge honorifique "j'ai senti les avantages de ma position. Tout est historique dans cet homme extraordinaire : les moindres faits sont précieux : ces notes, ces aperçus, ces scènes fourniront peut-être un jour des matériaux à l'histoire".

La campagne terminée, il rentre à Paris où il reprend le cours de ses nombreux travaux, il soutient devant la faculté des Sciences deux thèses qui lui procurent le titre de docteur.

A la chute de l'Empereur, il cesse son service le 1er août, dès la reception de la lettre officielle. Il demande à être inscrit sur la liste de présentation des pharmaciens qui aspirent à servir Sa Majesté et rapelle les services de son père aux armées de Louis XVI. Lui même a fondé le Conseil de Salubrité et il est le premier pharmacien reçu docteur ès-sciences. Enfin il a été "condamné à mort en vendémiaire pour avoir combattu les factieux régicides".

Dans une autre lettre , datée du 23 août 1814, Cadet annonce qu'il fournira provisoisement certains médicaments pour les personnes du château des Tuileries. Il pense qu'il ne sera pas oublié lors de l'organisation de la Maison de Santé du Roi.

Après le retour de l'île d'Elbe de l'Empereur, Cadet devient le premier pharmacien de l'Empereur dans les fonctions sans être officiellement nommé en remplacement de Deyeux. "pendant les trois mois qu'il dirigea la pharmacie Impériale, il fut mandé plusieurs fois auprès de Napoléon qui, poursuivit par l'idée de s'empoissonner, la mit à exécution dés qu'il eut abdiqué. La science de son premier pharmacien sut, heureusement, le tirer de ce mauvais pas" Dorveaux cite le baron Thiebault.

L'effondrement de l'Empire fait rentrer Gassicourt dans la vie civile mais il reçoit de Louis XVIII la croix de la Légion d'honneur. Trois ans plus tard il décide de publier le récit de son expédition en Autriche.

Début 1821, il est élu titulaire de l'Académie de médecine et il meurt le 21 novembre de cette même année à l'âge de 52 ans.

Il est inhumé au cimetière du Père-La-Chaise auprès de son fils (Charles Louis Félix 1789-1861) pharmacien et de son petit fils (Charles Jules Ernest) médecin et membre de l'Académie de médecine (1826-1900).

Références bibliographiques :

Cadet de Gassicourt C.L. Voyages en Autriche, en Moldavie et en Bavière, faits à la suite de l'Armée française, pendant la campagne de 1809. L'Huillier, Paris, 1818, 437p.

Oullieux Sylvie. "contribution à l'histoire de la pharmacie : les pharmaciens de la grande armée" thèse université Claude Bernard Lyon I, 5 décembre 1986.

Bouvet Maurice. Les apothicaires de Louis XVIII (1814-1824). Revue d'histoire de la pharmacie. 1941, 29ème année, N°111, 47-55

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