Carle GESSARD (1850-1925)
Né à Paris en 1850, il commence sa carrière militaire comme élève en pharmacie en 1873, après la guerre Franco-Prusienne, il sort major avant d’être affecté comme aide-major 2ème classe à l'Hôpital du Gros Caillou à Paris puis il est 1ère classe à Médéa en Algérie.
Muté à l'hôpital militaire parisien du Val-de-Grâce en 1881, il découvre le bacille pyocyanique, à l'origine du phénomène du pus bleu des plaies. En 1881, Louis Pasteur lui rend visite au Val-de-Grace et l'encourage à continuer ses recherches ce qui provoque beaucoup de jalousie. Il passe major en 1882. Avant et après sa thèse de doctorat en médecine en 1882: « De la Pyocyanide et de son Microbe. Applications cliniques", il publie un grand nombre de notes sur ce bacille redoutable et sur ses pigments.
Après la campagne de Tunisie où il reste cinq ans (1882-1887), il est nommé professeur agrégé du Val-de-Grâce à la chaire de chimie et expertise de 1887 à 1892 et il entre comme travailleur libre et donne des cours à l'Institut Pasteur.
En disgrâce du fait de ses travaux peu en rapport avec les activités dévolues aux pharmaciens militaires, il est envoyé 5 ans en poste à Sétif (Algérie) en 1892. Là il n'a plus la possibilité de continuer ses recherches bactériologiques puis il est muté à l'hôpital militaire de Lille en 1898 où Calmette l'invite à travailler à l'Institut Pasteur. Il donne sa démission prenant sa retraite par anticipation le 20 mars 1901.
Il se consacre alors à ses travaux à l'Institut Pasteur de Paris loin des querelles des médecins militaires qui voyaient d'un très mauvais oeil un pharmacien exceller dans un domaine qu'ils se croyaient réservé : la bactériologie.
Les pharmaciens militaires devaient se consacrer et surtout se limiter uniquement à la chimie, la biochimie, la toxicologie et la bromatologie jusque dans les années 1990, période tardive où ils pourront enfin démontrer leurs compétences dans les autres domaines de la biologie médicale en collaboration avec leurs collègues médecins comme eux biologistes médicaux. Cette reconnaissance depuis longtemps acquise dans la biologie médicale civile demandera un siécle et beaucoup d'énergie dans les armées.
En 1914-1916 n'étant plus mobilisable, il participe cependant à l'effort de guerre en travaillant sur des préparations pour lutter contre les poux des tranchées.
Il travaille jusqu'à sa mort en 1925.
Il restera le souvenir d'un homme modeste, droit, loyal et désintéressé qui se consacra toute sa vie à la recherche scientifique malgré toutes les difficultés qui ont été mises sur sa route. C'est un précurseur de la place prise désormais par les pharmaciens militaires dans la bactériologie et la virologie.
Références
Jacques Noroy, Edmond Bossard. La carrière militaire et l'oeuvre scientifique de Carle Gessard. Revue d'histoire de la pharmacie. 1976, 64, 175-180.
Richet Nicole. Société d'histoire de la pharmacie. www.shp-asso.org
Bibliographies Institut Pasteur :http://www.pasteur.fr/infosci/archives/f-bio.html