Cadet de Gassicourt Charles Louis (1769-1821)
Charles-Louis Cadet de Gassicourt né le 23 janvier 1769 à Paris. Il est probablement un des bâtards de Louis XV selon le baron Thièbault et non celui de Louis-Claude Cadet de Gassicourt. Sa mère était Marie-Thérèse Françoise Boisselet. Après des études brillantesde droit, alors que son père voulait faire de lui un pharmacien, il obtient de vifs succès dans le monde comme littérateur et avocat. Il épouse le 8 janvier 1789 à Paris Madeleine Félicité Baudet.
Il se rallie à la Révolution lorsqu'elle survient, se lance dans la politique mais réussi à éviter l'échafaud car il est condamné par contumace pour avoir particpé au 13 vendémiaire. Il reste caché dans le Berry trois années.
Il écrit en 1798 des comédies-vaudeville " le souper de Molière" et en 1798 "la visite de Racan".
En 1799, à la mort de son père putatif, savant et propriétaire de la pharmacie Cadet-Derosne, Gassicourt est ruiné et se décide à embrasser la carrière pharmaceutique. Sa qualité de fils de maître et sa haute situation lui permettent de parvenir rapidement à la Maîtrise et le 15 juin 1800, il obtient le diplôme de Maître en pharmacie. Il s'installe rue Saint Honoré, son officine est très prospère et sa notoriété devient considérable.
En 1802, il appelle l'attention du gouvernement sur une organisation nouvelle du conseil de salubrité publique : le plan proposé est immédiatement adopté par le préfet de police et il est nommé Secrétaire Général du Conseil, fonction qu'il occupera durant 19 années entouré de collègues comme Déyeux et Parmentier. Il publie de nombreux ouvrages dont un "dictionnaire de chimie" en 1803.
C'est Déyeux qui l'aurait désigné à Corvisart pour faire partie de la maison de l'empereur Napoléon I. Il quitte Paris, femme et enfants et part à Meaux le 25 mars 1809 pour rejoindre la Grande Armée qui opère en Autriche puis va à Strasbourg.
Le 13 avril 1809, l'ambulance Impériale dont Gassicourt est responsable reçoit l'ordre de quitter Strasbourg et de rejoindre le palais de Schoenbrunn à Vienne. Il voyage en voiture en compagnie de Lannefranque et Véréliaud, respectivement médecin et chirurgien de l'Empereur, il ne quittera plus durant les événements. Le fourgon de l'ambulance les accompagne et leur sert si besoin de gîte nocturne.
installé au palais de Schoenbrunn, sa vie devient celle d'un homme de cour fort différente de celle des autres pharmaciens des armées. Attaché a au grand quartier général, il vit dans le cercle des courtisans, des généraux de la garde qui entourent l'Empereur.
Ses réflexions sur la bataille de Wagram relèvent d'un homme plus sensible à l'aspect esthètique de l'évolution des troupe qu'au drame humain qui se joue devant lui "nous avons eu toute la journée l'inquiétude de rester près des malades qui sont au Palais : mais, à dix heures du soir, on nous a appelés.. J'admirai ce beau spectacle, assis sur un petit tertre, près des tentes de l'Empereur. Les secrétaires des cabinets de sa majesté et le directeur des estafettes étaient avec moi. Nous fûmes tirer des équipages quelques provisions et, pendant que la grande tragédie se jouait devant nous, nous prîmes du coeur pour nos gens qui se battaient".
A Schoenbrunn, il mène une vie oisive et brillante "mon fils aîné se demande comment se passe mon temps à Schoenbrunn, je lui réponds: réveillé tous le matins à six heures par les tambours, je me lève et me mets à écrire jusqu'à ce que le troupes soient assemblées en parade dans la cours du palais. Je m'habille à la hâte et, dés que l'on bat au camp, je descends et me place dans le groupe des officiers qui entourent l'Empereur. Là j'observe les masques et les visages ; après le défilé des troupes, je me rend à la salle à manger, ou plutôt au réfectoire, car nous sommes cinquante à soixante à table. Il n'y a pas de place marquées, on se met où l'on veut et en dix minute son a déjeuné. Alors je monte en voiture, je vais à Vienne faire des visites ou des emplettes, et je reviens dîner au Palais. Le soir je me promène ou je vais au spectacle. Mes fonctions m'occupent une heure le matin et une demi-heure le soir".
C'est un joyeux épicurien très convivial qui ne refuse aucun festin , possède des relations nombreuses et variées : intellectuels autrichiens, officiers de santé supérieurs de la garde. Il assiste à la parade aux côté de Larrey et lui parle comme à un ami.
Sa personnalité est attachante et plusieurs anecdotes nous montre que Gassicourt est plein d'humour, ainsi, lorsqu'il trouve un étendard en examinant une collection minéralogique au Palais " les officiers de la Garde, en me voyant passer charger de cette brillante dépouille me disent : est-ce-vous monsieur le docteur qui en avez fait la conquête ? Oui messieurs, et ce n'est pas sans peine, j'ai battu la caisse et j'ai arraché l'étendard à plus de vingt.. oui à plus de vingt clous autrichiens qui le retenaient. Cela a fait rire un moment". Plus tard, l'Empereur reprend l'anecdote et déclare à son retour au comte Fourcoy, qui le félicitait " dans cette campagne tous ceux qui m'entouraient m'ont satisfait par leur zèle, jusqu'à l'apothicaire qui a enlevé un drapeau".
Il prend de nombreuses notes, c'est un publiciste fécond dans des domaines très variés des apothicaires de l'époque : techniques, botanique, zoologie, politique et droit. Il est en 1809, l'un des fondateurs de Bulletin de Pharmacie dans lequel il écrit de nombreux articles.
Napoléon I confie à Larrey, Varéliaud et Gassicourt l'insigne honneur d'embaumer la maréchal Lannes, mort à Esling, le 6 juin 1809. Le 16 août de cette même année, lors de la fête de l'Empereur, des faveurs sont attribuées "on ne parle que de promotions, de nouveaux comte, de nouveaux barons, de nouveaux colonels. Mes collègues et moi n'avons pas été oubliés. Un brevet de chevalier de l'Empire, et un majorat pour chacun de nous, ont été le prix de notre zèle".
Il est difficile de préciser ses fonctions comme pharmacien et il reconnaît qu' elles ne l'occupent guère même s'il reste le seul pharmacien auprès de l'Empereur. Comme responsable du fourgon d'ambulance Impériale, il évoque les maladies au palais de Schoenbrunn pour lesquelles il doit probablement assurer le service pharmaceutique habituel : préparation des remèdes, relevés de prescriptions du soir et distribution. Ceci expliquerait ses horaires de travail qu'il décrivait précédemment.
Il est subjugué par la personnalité de l'Empereur ce qui explique peut être qu'il est accepté cette charge honorifique "j'ai senti les avantages de ma position. Tout est historique dans cet homme extraordinaire : les moindres faits sont précieux : ses notes, ces aperçus, ces scènes fourniront peut-être un jour des matériaux à l'histoire".
La campagne terminée, il rentre à Paris où il reprend le cours de ses nombreux travaux s, il soutient devant la faculté des Sciences deux thèses qui lui procurent le titre de docteur. Après le retour de l'île d'Elbe de l'Empereur, Cadet devient le premier pharmacien de l'Empereur en remplacement de Déyeux. "pendant les trois mois qu'il dirigea la pharmacie Impériale, il fut mandé plusieurs fois auprès de Napoléon qui, poursuit pas l'idée de s'empoissonner, la mit à exécution dés qu'il eut abdiqué. La science de son premier pharmacien sut, heureusement, le tirer de ce mauvais pas" Dorveaux site le baron Thiebault.
L'effondrement de l'Empire fait rentrer Gassicourt dans la vie civile mais il reçoit de Louis XVIII la croix de la légion d'honneur. Trois ans plus tard il décide de publier le récit de son expédition en Autriche.
Début 1821, il est élu titulaire de l'Académie de médecine et il meurt le 21 novembre de cette même année à l'âge de 52 ans.
Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise auprés de son fils (Charles Louis Félix 1789-1861) pharmacien et de son petit fils (Charles Jules Ernest) médecin et membre de l'académie de médecine (1826-1900).
Références :
Cadet de Gassicourt CL. Voyages en Autriche, en Moldavie et en Bavière, fait à la suite de l'Armée française, pendant la campagne de 1809. L'Huillier, Paris, 1818, 437p.
Oullieux Sylvie.
Accueil
Médecine et armées,